En novembre 2024, le gouvernement français a présenté sa Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), un programme ambitieux destiné à diminuer drastiquement les émissions de gaz à effet de serre du pays. Ce plan inclut des objectifs précis pour le secteur du bâtiment, avec un accent particulier sur la rénovation énergétique. Dans cette optique, le gouvernement a fixé un cap : rénover chaque année 400 000 maisons individuelles et 200 000 logements collectifs d’ici 2030. Ce projet vise à moderniser un parc immobilier énergivore, tout en permettant des économies d’énergie pour les ménages et en réduisant l’impact écologique du secteur résidentiel.
Objectif majeur : réduire de moitié les émissions du secteur du bâtiment
Dévoilée le 4 novembre 2024, cette feuille de route actualise les engagements climatiques et énergétiques de la France. Elle est structurée autour de plusieurs initiatives qui visent une réduction drastique des émissions de CO₂, alignée avec les objectifs nationaux et européens de neutralité carbone. Parmi les axes prioritaires, le secteur du bâtiment figure en bonne place. En effet, bien que ses émissions aient déjà diminué de 5,5 % entre juillet 2023 et juin 2024, il reste l’un des principaux contributeurs aux émissions nationales, représentant 16 % des émissions brutes, derrière les transports (32 %), l’agriculture (19 %) et l’industrie manufacturière (18 %).
L’objectif chiffré est ambitieux : ramener les émissions de ce secteur de 62 millions de tonnes en 2022 à 35 millions de tonnes d’ici 2030. Cette réduction de moitié repose principalement sur des actions de rénovation énergétique pour améliorer l’isolation des bâtiments, optimiser les systèmes de chauffage et inciter les propriétaires à investir dans des équipements plus performants.
Éradication progressive des chaudières à fioul : une mesure clé de décarbonation
Un autre volet de la stratégie porte sur l’élimination progressive des chaudières à fioul, une source de chauffage particulièrement polluante. Déjà en 2022, l’installation de nouvelles chaudières à fioul avait été interdite, mais le gouvernement souhaite aller plus loin en mettant en place un plan de remplacement accéléré de ces systèmes de chauffage.
Le but est de remplacer chaque année 300 000 chaudières à fioul, soit un total de 75 % d’entre elles, d’ici 2030. Ces équipements seront progressivement remplacés par des systèmes de chauffage plus respectueux de l’environnement, comme les pompes à chaleur ou les chaudières utilisant des sources d’énergie renouvelable. Cette transition vise non seulement à réduire les émissions directes de gaz à effet de serre, mais aussi à alléger les factures de chauffage des ménages qui bénéficieront de dispositifs plus efficaces et moins coûteux à long terme.
Remplacement progressif des chaudières à gaz : vers un parc résidentiel plus écologique
En parallèle, le gouvernement projette également de réduire l’usage des chaudières à gaz. Bien que le gaz soit une source d’énergie moins polluante que le fioul, il reste basé sur une ressource fossile. D’ici 2030, environ un quart des chaudières à gaz devront être remplacées par des alternatives plus propres, ce qui correspond à l’amélioration du Diagnostic de performance énergétique (DPE) pour quelque 350 000 logements chaque année. Cette mesure fait partie d’un ensemble de réglementations qui visent à encourager les logements à atteindre des performances énergétiques plus élevées, rendant les logements non seulement plus respectueux de l’environnement, mais aussi plus abordables en termes de coût énergétique pour les occupants.
Déploiement massif des pompes à chaleur et des réseaux de chaleur : un appui essentiel à la transition
Pour soutenir ce plan de transformation énergétique, le gouvernement met en place un programme spécifique pour le développement des pompes à chaleur, particulièrement dans le secteur de l’habitat collectif. Actuellement, environ 2,5 millions de logements sont équipés de pompes à chaleur, mais ce nombre devrait atteindre 9 millions d’ici 2030. Ce choix technologique se justifie par l’efficacité des pompes à chaleur, qui permettent de chauffer ou de refroidir un bâtiment avec une consommation d’énergie nettement inférieure à celle des systèmes traditionnels basés sur les combustibles fossiles. En ciblant les logements collectifs, le gouvernement espère accélérer l’adoption de cette technologie dans des résidences où les rénovations énergétiques peuvent être plus complexes et nécessitent des investissements collectifs.
Par ailleurs, un accent particulier est mis sur le développement des réseaux de chaleur, qui permettent de chauffer plusieurs bâtiments en utilisant une seule source d’énergie. Ces réseaux, alimentés par des énergies renouvelables ou de récupération (comme les excédents de chaleur industrielle), seront étendus pour raccorder entre 300 000 et 360 000 logements chaque année jusqu’en 2035. En augmentant l’accès aux réseaux de chaleur, l’État souhaite diminuer la dépendance aux énergies fossiles et permettre aux citoyens de bénéficier d’une source d’énergie plus stable et moins impactée par les fluctuations de prix des combustibles fossiles.
Réduire la part des énergies fossiles dans la consommation française d’ici 2030
En intégrant toutes ces mesures, l’objectif global de la Stratégie nationale bas-carbone est de réduire significativement la part des énergies fossiles dans le mix énergétique national. En 2022, les énergies fossiles représentaient environ 60 % de la consommation d’énergie en France. Le plan gouvernemental vise une diminution de cette part à 42 % d’ici 2030, une réduction substantielle qui devrait renforcer la résilience énergétique du pays face aux crises énergétiques mondiales.
Vers une régulation progressive de la location des « passoires thermiques »
Afin d’encourager davantage de rénovations, le gouvernement envisage également des régulations sur les logements les moins performants, souvent qualifiés de « passoires thermiques ». Si les critères d’interdiction de location pour ces logements devaient initialement entrer en vigueur rapidement, il est désormais envisagé d’accorder aux propriétaires un délai supplémentaire. Ce report permettrait aux propriétaires de réaliser les travaux de rénovation nécessaires sans risquer une interdiction immédiate de mise en location. L’objectif à long terme reste de pousser tous les logements, notamment ceux en location, à atteindre des niveaux de performance énergétique adéquats pour minimiser les impacts environnementaux et offrir un confort accru aux locataires.
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La Stratégie nationale bas-carbone du gouvernement français marque un tournant décisif dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre du secteur du bâtiment. En planifiant la rénovation énergétique de 600 000 logements par an et en misant sur des solutions durables comme les pompes à chaleur et les réseaux de chaleur, la France s’engage sur la voie de la transition énergétique. En réduisant progressivement la part des énergies fossiles, ce plan ambitieux vise à atteindre une consommation plus propre et plus économique pour les ménages, tout en répondant aux exigences de neutralité carbone. Ce vaste projet requiert la mobilisation des propriétaires, des collectivités, et des acteurs de la rénovation pour faire du parc immobilier français un modèle de durabilité et d’efficacité énergétique.