Après avoir mis en place des restrictions strictes sur les travaux de rénovation énergétique isolés au début de l’année 2024, le gouvernement a dû faire marche arrière au printemps en raison de la chute drastique des demandes de travaux. Faisons le point sur la situation :
Efficacité des travaux isolés versus rénovation globale
Les études sont unanimes : les travaux de rénovation isolés, souvent appelés « monogestes », sont généralement moins efficaces et moins pertinents comparés à une rénovation énergétique globale de l’habitat. Cependant, tout le monde n’a pas les moyens financiers ou la volonté de s’engager dans un projet de rénovation complète, même avec les subventions publiques disponibles. En conséquence, les travaux isolés dominent les demandes de MaPrimeRénov’. Pour changer cette dynamique, l’État a décidé de restreindre les aides pour les monogestes à partir du 1er janvier 2024.
Impact des restrictions et rétropédalage
Ces nouvelles restrictions ont conduit à une chute significative des dossiers acceptés : seulement 78 000 logements ont bénéficié de MaPrimeRénov’ au premier trimestre, contre 624 000 pour toute l’année 2023. Face à cette baisse alarmante, le gouvernement a réajusté sa position au printemps, rendant les mesures initiales moins strictes.
Financement des travaux d’isolation
En début d’année, les usagers ont découvert que les travaux d’isolation n’étaient plus éligibles à MaPrimeRénov’ à moins d’être réalisés conjointement avec l’installation d’un système de chauffage ou d’eau chaude sanitaire décarboné. Bonne nouvelle : depuis le 15 mai et jusqu’au 31 décembre 2024, cette exigence a été levée ! Désormais, vous pouvez bénéficier de cette aide publique pour les travaux d’isolation sans condition supplémentaire. Cela inclut l’isolation des fenêtres (remplacement du simple vitrage), des murs de façade, des rampants de toiture, des combles et des toitures-terrasses. L’installation d’un système de ventilation mécanique contrôlée (VMC) double flux ou hygroréglable est également éligible.
Maintien de la souplesse
Un autre obstacle concernait l’obligation de fournir un diagnostic de performance énergétique (DPE) ou un audit énergétique pour prétendre à MaPrimeRénov’ par geste. Depuis le 15 mai, cette obligation a été suspendue, simplifiant ainsi les démarches pour les demandes effectuées jusqu’au 31 décembre 2024. De plus, les logements considérés comme passoires énergétiques (étiquettes F ou G au DPE) restent éligibles à MaPrimeRénov’ par geste, bien que la réforme initiale prévoyait de les exclure à partir du 1er juillet pour encourager les propriétaires à opter pour des rénovations globales plus conséquentes.
Exclusion des foyers aisés
Malgré ces ajustements, les restrictions basées sur les revenus demeurent en place. Le montant de MaPrimeRénov’ diminue progressivement avec l’augmentation des revenus, excluant les ménages aux revenus les plus élevés. Par exemple, une personne seule avec un revenu fiscal de référence supérieur à 30 549 € en 2023, un couple avec plus de 44 907 € et une famille avec deux enfants avec plus de 63 235 € ne sont pas éligibles. Cependant, ces foyers aisés peuvent toujours bénéficier des primes énergie offertes par les fournisseurs d’énergie au titre des certificats d’économie d’énergie (CEE) pour réduire le coût des travaux. Une exception est faite pour les ménages aisés en Outre-mer, où les travaux de surtoitures et de bardages ventilés peuvent être financés.
La réforme de MaPrimeRénov’ en 2024 a révélé les défis inhérents à la promotion de la rénovation énergétique en France. Bien que l’intention initiale était de favoriser les rénovations globales, la chute des demandes a démontré l’importance de maintenir des options accessibles pour les travaux isolés. Le réajustement du gouvernement montre une volonté d’adapter les politiques en fonction des réalités du terrain et des besoins des ménages.
La réintroduction de la flexibilité pour les travaux d’isolation et la suppression temporaire des exigences de diagnostic énergétique visent à relancer les demandes et encourager les particuliers à entreprendre des travaux de rénovation, même modestes. Toutefois, les restrictions de revenus continuent d’exclure les foyers les plus aisés, les incitant à se tourner vers d’autres dispositifs comme les primes énergie.
Ainsi, malgré les allers-retours de ces mesures, l’objectif reste clair : améliorer l’efficacité énergétique des logements français. Les ajustements apportés visent à équilibrer l’ambition écologique avec la réalité économique des ménages, en espérant que cette approche permettra de progresser vers des habitats plus durables et économes en énergie.