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Rénovation énergétique en 2026 : la fin du « stop-and-go » ou une crise appelée à durer ?

Publié le 20 décembre 2025 - par expert isolation
maprimerénov en 2026

Après une année 2025 marquée par des suspensions à répétition de MaPrimeRénov’, le gouvernement promet une stabilisation du dispositif en 2026. Budget, rénovations globales, dossiers en attente, ambitions climatiques et contraintes financières : derrière les annonces de continuité, de nombreuses incertitudes persistent sur la capacité réelle de l’État à tenir ses objectifs.

Une année 2025 chaotique qui fragilise la confiance

À l’approche de 2026, la politique française de rénovation énergétique se trouve à un moment charnière. L’année 2025 a en effet été marquée par des à-coups qui ont mis sous tension l’ensemble du secteur. Le dispositif MaPrimeRénov’, devenu central pour financer la rénovation énergétique des logements privés, a été suspendu à deux reprises : une première fois en janvier, faute de budget voté, puis une seconde fois avant l’été, en raison d’un afflux massif de dossiers ayant dépassé les capacités financières et administratives du système.

Ces interruptions ont déstabilisé toute la chaîne de la rénovation : ménages en attente de visibilité, entreprises du bâtiment confrontées à des carnets de commandes incertains, collectivités et opérateurs locaux obligés de réorganiser leur accompagnement. Sur un marché qui nécessite de la planification (diagnostics, devis, mobilisation des artisans, financement), la discontinuité des aides agit comme un facteur de découragement et un accélérateur de tensions.

Dans ce contexte, le ministre du Logement Vincent Jeanbrun a déclaré vouloir mettre fin à ce « stop-and-go » qui, selon lui, « perturbe tout l’écosystème ». L’objectif affiché pour 2026 est donc de maintenir le guichet ouvert tout au long de l’année afin de restaurer un minimum de stabilité et de confiance.

Une condition non négociable : l’adoption du budget

Première limite, immédiatement rappelée par le ministre : sans vote du projet de loi de finances, il n’y aura pas d’aide à partir de janvier. La continuité promise dépend donc du calendrier parlementaire et de la capacité de l’exécutif à sécuriser les crédits nécessaires. Cette dépendance au vote budgétaire avait déjà été l’un des déclencheurs de la suspension de janvier 2025.

Autrement dit, la promesse d’un guichet « ouvert toute l’année » n’a de sens que si le cadre budgétaire est solidement adopté en amont, et suffisamment calibré pour éviter un épuisement des crédits en cours d’exercice.

Le choix stratégique : concentrer l’effort sur les rénovations globales

Deuxième orientation majeure pour 2026 : le gouvernement souhaite concentrer l’effort sur les rénovations globales (ou rénovations d’ampleur), c’est-à-dire des chantiers combinant plusieurs familles de travaux. L’objectif est d’améliorer de manière significative la performance énergétique des logements, plutôt que de multiplier des interventions ponctuelles dont l’impact peut être plus limité.

Ces rénovations globales peuvent inclure :

  • l’isolation thermique (murs, toitures, planchers, menuiseries) ;
  • l’amélioration de l’efficacité du chauffage (remplacement d’équipements, régulation, distribution) ;
  • la ventilation (VMC, équilibre air entrant/sortant) ;
  • la production d’eau chaude sanitaire ;
  • parfois des actions complémentaires sur l’éclairage ou les usages.

En théorie, cette approche « globale » permet des gains plus robustes, une meilleure cohérence technique et une réduction plus importante des émissions. En pratique, elle exige aussi des parcours plus complexes : audit énergétique, conception de scénarios de travaux, coordination d’entreprises et montage administratif plus lourd.

120 000 rénovations globales annoncées… mais avec un passif de 83 000 dossiers

Selon l’Agence nationale de l’habitat (Anah), chargée de piloter le dispositif et une enveloppe de 4,4 milliards d’euros (dont une part provient des certificats d’économies d’énergie – CEE), l’objectif 2026 est de lancer 120 000 chantiers de rénovation globale.

Dans le détail, l’Anah évoque :

  • 68 000 rénovations en copropriété ;
  • 52 000 rénovations en logements individuels.

Mais cet affichage se heurte à une difficulté majeure : 83 000 dossiers déposés en 2025 n’ont pas encore été instruits. Cette donnée nourrit un débat immédiat sur la réalité de l’ambition 2026.

Effy, acteur de la rénovation énergétique, parle d’un « nouveau tour de passe-passe » : selon sa directrice Stratégie Audrey Zermati, l’objectif de 120 000 rénovations inclurait en réalité des dossiers déposés en 2025 et toujours en attente, rendant la réouverture du guichet en partie « théorique ».

L’Anah reconnaît le stock, mais nuance l’effet mécanique

Interrogée, l’Anah confirme l’existence de ces 83 000 dossiers en attente, tout en relativisant. L’agence rappelle qu’il existe chaque année des reliquats et insiste sur un point : ces dossiers ne sont pas automatiquement validés. Certains peuvent être rejetés, amendés ou abandonnés, ce qui signifie qu’il n’est pas certain que ces 83 000 demandes se transformeront toutes en aides réellement versées.

Néanmoins, ces dossiers relèvent des règles 2025 et concernent surtout des ménages modestes et des copropriétés, alors que le gouvernement entend rouvrir en 2026 le guichet à tous les ménages, avec une baisse des subventions maximales.

Une ouverture à tous… mais avec des aides moins généreuses

L’une des lignes directrices annoncées pour 2026 est l’ouverture du dispositif à l’ensemble des Français. Cette universalisation vise à élargir l’accès, mais elle s’accompagne d’une contrepartie : une baisse du montant maximal de subvention par dossier, afin de contenir la dépense et d’éviter un nouvel épuisement des enveloppes en cours d’année.

En filigrane, l’objectif est d’éviter de revivre le scénario 2025 : un guichet qui attire massivement, puis une suspension brutale qui casse la dynamique et désorganise le secteur.

Un pilotage « en temps réel » pour éviter de se retrouver à sec

Pour tenir le budget, l’Anah indique que la dynamique des dépôts de dossiers sera suivie en temps réel dans chaque région. Chaque territoire devrait disposer :

  • d’objectifs régionaux ;
  • de moyens dédiés ;
  • d’un dialogue continu pour ajuster le rythme d’engagement des aides.

Cette approche vise à lisser les dépôts sur l’année et à éviter une ruée dès janvier. Dans cette logique, les ménages sont clairement invités à ne pas se précipiter au 1er janvier et à privilégier la constitution de dossiers solides. L’Anah insiste sur la qualité des projets, rappelant que « rénover, c’est le projet d’une vie ».

Le risque d’embouteillage demeure

Malgré ces annonces, les professionnels craignent un engorgement durable. Les délais d’instruction moyens atteignent déjà quatre mois, voire davantage dans certaines régions. Avec un stock de 83 000 dossiers en attente, l’arrivée de nouveaux dépôts pourrait provoquer :

  • une hausse des délais ;
  • des incertitudes de trésorerie pour les entreprises ;
  • un découragement des ménages ;
  • une impression d’instruction « au compte-goutte » si les marges budgétaires sont limitées.

Ambition climatique : un écart avec la trajectoire de la SNBC

Autre point de critique : le niveau d’ambition. Les acteurs du secteur rappellent que la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) vise en moyenne 250 000 rénovations globales par an d’ici à 2035. Avec 120 000 rénovations d’ampleur annoncées en 2026, l’écart est important.

Pour Audrey Zermati, si la France reste à 120 000 en 2026, il faudra « fortement accélérer » ensuite, ce qui pose une question de capacités : capacités financières de l’État, capacités de la filière (main-d’œuvre, formation, entreprises), et capacités administratives d’instruction.

Une source proche du dossier s’interroge ainsi sur la cohérence entre ambitions climatiques et réalité budgétaire : 4,4 milliards d’euros représentent une enveloppe élevée, mais peut-être insuffisante pour tenir le rythme initialement envisagé, alors même que l’État semble déjà proche de ses limites de financement.

Une montée en puissance progressive, mais jugée trop lente

Selon les chiffres évoqués, la rénovation globale a connu une progression ces dernières années :

  • 70 000 rénovations globales en 2023 ;
  • 91 000 en 2024 ;
  • un peu plus de 100 000 en 2025 (chiffre en cours d’actualisation) ;
  • 120 000 prévues en 2026.

Cette trajectoire est orientée à la hausse, mais elle reste éloignée des besoins estimés pour atteindre les objectifs climatiques et réduire durablement la précarité énergétique.

Rénovation par geste : priorité au chauffage et aux pompes à chaleur

En complément, l’Anah prévoit d’aider 150 000 rénovations par geste en 2026. La priorité est clairement donnée à la décarbonation du chauffage, avec une incitation forte à l’installation de pompes à chaleur (PAC). Le gouvernement vise 8,8 millions de PAC installées d’ici à 2030, faisant de cette technologie un axe central de la stratégie.

Des gestes exclus : isolation des murs et chaudière biomasse

Cette orientation se traduit aussi par des exclusions : l’isolation des murs et l’installation d’une chaudière biomasse ne seraient pas aidées dans le cadre d’une rénovation « monogeste », c’est-à-dire un chantier isolé. Ce choix est contesté.

Il a notamment suscité la mobilisation des acteurs de la filière des chaudières à bois, qui défendent une solution décarbonée et relativement abordable pour certains ménages et territoires. Cette tension illustre un débat de fond : faut-il concentrer massivement les aides sur une technologie jugée prioritaire (la PAC), ou maintenir un bouquet de solutions pour s’adapter à la diversité des logements et des contextes locaux ?

Conclusion, en 2026, le gouvernement affiche une volonté de stabiliser MaPrimeRénov’ et de mettre fin à l’ère des suspensions. Mais cette promesse repose sur plusieurs conditions : un budget adopté à temps, une capacité d’instruction suffisante, une gestion fine des flux régionaux, et un calibrage budgétaire permettant d’éviter l’épuisement des crédits.

Entre le stock de 83 000 dossiers en attente, l’écart avec la trajectoire climatique de la SNBC et les arbitrages contestés sur les rénovations par geste, la stratégie 2026 apparaît comme un exercice d’équilibrisme : maintenir l’effort sans exploser le budget, et viser l’efficacité énergétique sans désorganiser davantage la filière.

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