Le dispositif MaPrimeRénov’, pierre angulaire de la politique de rénovation énergétique du parc immobilier français, a connu un retournement partiel de situation. Après avoir annoncé une suspension des aides pour les rénovations simples durant l’été 2025, le gouvernement a finalement décidé de les maintenir. Ce revirement intervient dans un contexte de forte pression de la part des acteurs du bâtiment, qui redoutaient une crise d’activité. Si cette annonce apporte un soulagement pour les professionnels, elle s’accompagne néanmoins de nombreuses réserves et marque le début d’une réforme plus restrictive de l’aide publique.
1. Une pression intense du secteur du BTP qui force le recul du gouvernement
Le 30 mai 2025, le gouvernement annonçait la suspension temporaire de MaPrimeRénov’ pour les opérations dites « mono-gestes » (travaux isolés) pendant l’été. Cette décision, justifiée par la saturation administrative et des contraintes budgétaires, a provoqué une levée de boucliers immédiate des représentants du secteur du bâtiment.
La Fédération Française du Bâtiment (FFB), principale organisation patronale du secteur, a dénoncé une mesure brutale, prise sans concertation, et aux conséquences économiques dramatiques. Le président de la FFB, Olivier Salleron, a rapidement mobilisé ses adhérents autour de menaces d’actions sur le terrain, soulignant que cette suspension allait entraîner un arrêt immédiat de l’activité pour de nombreuses TPE et PME artisanales.
Le secteur, déjà affaibli par un contexte économique difficile (hausse des coûts des matériaux, baisse des commandes, délais de paiement rallongés), redoutait un effondrement des carnets de commandes en période estivale, généralement favorable à la réalisation de petits chantiers chez les particuliers.
2. Une décision corrigée : maintien des aides pour les rénovations simples
Le 17 juin 2025, face à la pression croissante des professionnels du bâtiment et des élus locaux, le ministère de la Transition écologique a annoncé que les aides MaPrimeRénov’ seraient finalement maintenues pour les travaux dits « simples ». Cela inclut notamment :
-Le remplacement d’un système de chauffage obsolète (chaudière fioul, gaz non condensation),
-L’isolation des combles, toitures, ou planchers bas,
-Le remplacement des menuiseries,
-L’installation de systèmes de ventilation performants ou de chauffe-eaux thermodynamiques.
Cette décision a été saluée par l’ensemble des acteurs du secteur, y compris par la FFB, qui a qualifié cette marche arrière de « victoire du bon sens ». Selon Olivier Salleron, ces opérations représentent entre 30 et 40 % du chiffre d’affaires de nombreuses entreprises artisanales, notamment dans les zones rurales et périurbaines, moins concernées par les projets de rénovation globale.
Pour les particuliers, cela permet également de continuer à bénéficier d’un soutien financier pour des travaux énergétiques ciblés et souvent prioritaires.
3. Maintien du gel des rénovations globales jusqu’en septembre
En revanche, la suspension des aides pour les rénovations globales a bien été confirmée et prendra effet entre le 23 juin et le 15 septembre 2025. Ces projets impliquent la combinaison de plusieurs gestes (isolation, chauffage, ventilation) dans une logique de performance énergétique renforcée, souvent accompagnés d’un audit énergétique et de l’intervention d’un Accompagnateur Rénov’.
Ce gel temporaire s’explique par deux raisons principales :
-La saturation des plateformes administratives (notamment l’Agence nationale de l’habitat – ANAH), qui peinent à gérer le volume de dossiers dans les délais,
-Le dépassement anticipé du budget 2025, fixé à 2,3 milliards d’euros, et déjà consommé à près de 90 % à la fin du mois de mai.
Cette décision vise à reprendre le contrôle sur la dépense publique, dans un contexte plus large de réduction budgétaire imposée par l’État, avec un objectif de 40 milliards d’euros d’économies à l’horizon 2026.
4. Vers une réforme plus stricte du dispositif à partir de 2026
Face à l’explosion de la demande et aux limites de financement, le gouvernement prévoit une refonte structurelle de MaPrimeRénov’. Plusieurs pistes de réforme sont actuellement étudiées et devraient être mises en œuvre dès 2026 :
-Réduction du taux de subvention pour les foyers modestes, qui passerait de 90 % à 80 % du montant des travaux,
-Abaissement du plafond de dépenses éligibles, de 80 000 euros à 50 000 euros par logement rénové,
-Ciblage renforcé sur les logements les plus énergivores, notamment ceux classés F ou G et chauffés aux énergies fossiles,
-Suppression du bonus de 10 % actuellement accordé lorsque les travaux permettent de sortir un logement de l’état de « passoire thermique ».
Ces mesures visent à recentrer les fonds publics sur les situations prioritaires, à réduire le volume global d’aides versées, et à améliorer l’efficacité environnementale du programme.
5. Une lutte renforcée contre la fraude, devenue massive
En parallèle de la problématique budgétaire, les autorités ont exprimé leur inquiétude face à la hausse continue des fraudes au dispositif MaPrimeRénov’. Selon le rapport 2024 de Tracfin, les fraudes identifiées autour du programme représenteraient environ 50 millions d’euros.
Les principales pratiques frauduleuses observées sont :
-Déclarations de travaux fictifs ou non réalisés,
-Usurpations d’identité de bénéficiaires ou d’entreprises RGE,
-Falsification de factures ou d’attestations de fin de chantier,
-Intervention d’intermédiaires ou de « conseillers » non agréés ou peu scrupuleux.
En 2024, près de 44 000 dossiers ont été jugés suspects, et leur traitement a permis d’éviter 229 millions d’euros de pertes financières potentielles. Le gouvernement prévoit donc d’intensifier les contrôles :
-Vérification croisée systématique des pièces justificatives,
-Renforcement de l’agrément des entreprises labellisées RGE,
-Exclusion des structures non conformes ou trop souvent signalées,
-Généralisation du recours à Mon Accompagnateur Rénov’, désormais obligatoire dans les parcours de rénovation globale.
En, conclusion, la décision de maintenir MaPrimeRénov’ pour les petits travaux constitue un soulagement pour les artisans et les ménages, mais elle ne masque pas les difficultés systémiques du dispositif. Le gel des rénovations globales, les contraintes budgétaires, la multiplication des fraudes et la complexité administrative témoignent d’un système sous pression.
La réforme annoncée, bien que nécessaire pour assurer la pérennité de MaPrimeRénov’, risque de restreindre l’accès à la rénovation pour une partie de la population, tout en plaçant les professionnels face à de nouvelles obligations. Le défi consiste désormais à concilier efficacité énergétique, justice sociale, maîtrise des finances publiques et fiabilité des acteurs du secteur.
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