À la dernière minute, et avant que les ajustements gouvernementaux ne prennent effet, Ma Prime Rénov a été reconduite en 2025 par le biais de deux décrets signés in extremis. Ces textes, adoptés sur le fil, préservent les règles actuelles encadrant les aides pour les interventions ponctuelles, connues sous l’appellation « mono-gestes » pour la plupart des ménages, à l’exception de ceux aux revenus aisés.
Le dispositif Ma Prime Rénov 2025 va connaître un bouleversement majeur dans la répartition de ses aides. Alors que les pouvoirs publics avaient envisagé une suppression des subventions pour les interventions ponctuelles – par exemple le remplacement d’une chaudière ou la pose d’une nouvelle fenêtre isolante – ces travaux « monogestes » seront finalement maintenus, du moins pour les ménages les plus modestes. En revanche, les propriétaires aux revenus les plus élevés vont, eux, subir un véritable coup de frein dans le soutien financier qui leur était alloué, alors même qu’ils avaient déjà été défavorisés pour ces opérations ciblées.
Maintien des aides Ma Prime Rénov 2025 aux petits travaux dits monogestes
À l’origine, le gouvernement souhaitait réserver Ma Prime Rénov 2025 aux chantiers de rénovation globale, c’est-à-dire à des projets ambitieux comportant plusieurs volets (isolation, chauffage performant, ventilation, etc.). Les aides pour les petits travaux ponctuels devaient s’arrêter, afin d’encourager les ménages à aller vers des améliorations énergétiques plus complètes et plus efficaces à long terme. Cette orientation visait à éviter le saupoudrage, où l’on remplace un équipement isolément, sans traiter l’ensemble du bâti et des habitudes de consommation énergétique.
Mais face aux critiques et aux inquiétudes que soulevait cette disparition des appuis financiers sur les interventions monogestes, le gouvernement a finalement décidé de maintenir ces aides, du moins pour 2025. Les travaux simples, comme l’installation d’une pompe à chaleur ou l’isolation d’un comble, continueront donc de bénéficier de subventions, ce qui devrait permettre aux ménages les plus en difficulté d’avancer par étapes dans leur parcours de rénovation.
Quelles sont les principales évolutions de MaPrimeRénov’ en 2025 ?
MaPrimeRénov’ est l’un des principaux dispositifs du gouvernement pour financer la transition énergétique des logements. L’objectif est de réduire la consommation d’énergie des bâtiments tout en améliorant le confort des habitants. Cependant, avec le décret du 4 décembre 2024, des ajustements importants ont été effectués, principalement concernant les aides attribuées aux ménages en fonction de leurs revenus.
Les grands changements concernent les propriétaires aux revenus supérieurs. Depuis 2024, ces derniers avaient déjà subi une baisse des aides pour les « travaux monogestes » (par exemple, la rénovation de fenêtres ou l’installation d’une pompe à chaleur). En 2025, cette tendance se poursuit, mais avec une baisse significative pour les projets de rénovation globale, les plus complexes et coûteux, comme l’isolation de l’ensemble du bâtiment ou le remplacement complet du système de chauffage.
Baisse des aides à la rénovation globale pour Ma Prime Rénov Rose en 2025
Si ce rétropédalage soulagera les foyers les plus vulnérables, il se fera aux dépens des ménages mieux dotés financièrement. Dans la nouvelle grille d’aides prévue pour 2025, les propriétaires à hauts revenus verront leurs subventions s’effondrer de manière drastique. Certes, ils restaient déjà moins bien soutenus que les autres pour les travaux monogestes, mais la donne va encore se durcir. L’objectif affiché est clair : pousser ces ménages à engager des rénovations énergétiques plus profondes, plus cohérentes et mieux pensées dans leur ensemble, plutôt que de se limiter à des interventions partielles et dispersées.
Ce rééquilibrage des soutiens traduit la volonté de l’exécutif de donner une direction plus structurée à la politique de rénovation énergétique. Alors que la France s’est engagée sur une trajectoire de neutralité carbone, l’accent est mis sur des transformations d’envergure. Du point de vue du gouvernement, l’enjeu consiste à s’éloigner des opérations ponctuelles menées un peu au hasard, et à stimuler une approche plus intégrée, de nature à améliorer substantiellement le confort, la valeur et la performance énergétique des logements.
Dans cette logique, les ménages modestes continueront de bénéficier d’un accompagnement adapté à leur situation, de sorte qu’ils ne se retrouvent pas abandonnés face aux coûts initiaux de la rénovation. En revanche, pour les propriétaires disposant de ressources élevées, le message est sans équivoque : l’avenir se trouve dans les chantiers globaux, conçus pour transformer réellement et durablement le parc immobilier résidentiel, et non plus dans le saupoudrage de petits travaux. C’est là le prix à payer pour atteindre les objectifs climatiques et énergétiques fixés par le pays, en responsabilisant davantage ceux qui ont la capacité d’investir dans une rénovation ambitieuse de leur patrimoine.
Les taux d’aide pour les propriétaires aux revenus supérieurs ont drastiquement chuté. Pour un gain de 2 classes sur le diagnostic de performance énergétique (DPE), les propriétaires les plus riches verront l’aide passer de 30% à seulement 10% de la dépense éligible. De même, pour les projets permettant un gain de 3 classes, l’aide passe de 35% à 15%, et pour les projets offrant un gain de 4 classes ou plus, le taux d’aide tombe à 20% contre 35% précédemment. Ce changement est clairement dirigé contre les ménages les plus fortunés, qui bénéficient désormais de moins de soutien pour leurs travaux.
Les ménages moins favorisés, en revanche, continuent de bénéficier de taux d’aide plus élevés, notamment pour les travaux de rénovation énergétique d’envergure. Ces aides visent à rendre la transition énergétique accessible à un plus grand nombre de Français, en particulier ceux qui sont les plus vulnérables financièrement.
Les impacts pour les professionnels du secteur
Les conséquences de ces ajustements risquent d’être importantes pour les professionnels de la rénovation énergétique. En effet, la baisse des aides pour les projets de grande envergure pourrait pousser les ménages aux revenus supérieurs à reporter ou annuler leurs projets de rénovation, ce qui entraînera une baisse de la demande dans certains secteurs de l’industrie du bâtiment.
Les entreprises spécialisées dans la rénovation énergétique risquent de voir une diminution de leurs commandes, particulièrement celles qui dépendent de rénovations globales ou des projets d’isolation thermique de grande envergure. Cette situation pourrait aussi perturber l’ensemble de la chaîne de valeur, affectant les fournisseurs d’équipements, les artisans et les entreprises de taille moyenne, déjà confrontées à des marges serrées et à une concurrence accrue.
Détail des nouveaux taux d’aide pour les projets de rénovation énergétique
Voici un détail des nouvelles conditions d’aide pour les travaux de rénovation énergétique en 2025, en fonction des revenus et du type de projet. Les taux sont présentés en pourcentage de la dépense éligible, qui est le montant des travaux pris en charge par MaPrimeRénov’.
Pour un gain de 2 classes sur le DPE :
Ménages très modestes : 80% de la dépense éligible.
Ménages modestes : 60% de la dépense éligible.
Ménages intermédiaires : 45% de la dépense éligible.
Ménages supérieurs : 10% de la dépense éligible.
Pour un gain de 3 classes sur le DPE :
Ménages très modestes : 80% de la dépense éligible.
Ménages modestes : 60% de la dépense éligible.
Ménages intermédiaires : 50% de la dépense éligible.
Ménages supérieurs : 15% de la dépense éligible.
Pour un gain de 4 classes ou plus sur le DPE :
Ménages très modestes : 100% de la dépense éligible.
Ménages modestes : 80% de la dépense éligible.
Ménages intermédiaires : 50% de la dépense éligible.
Ménages supérieurs : 20% de la dépense éligible.
En plus de la réduction des taux pour les ménages supérieurs, le décret 2024 précise également des bonifications spécifiques pour les projets permettant une sortie du passoire énergétique, qui accordent un supplément de 10% de la dépense éligible dans certains cas. Toutefois, l’impact de cette bonification reste limité pour les ménages les mieux dotés.
Réduction des aides pour le chauffage biosourcé
Un autre aspect significatif de la réforme concerne le chauffage biosourcé. Les subventions pour l’installation de chaudières à bois, poêles à granulés, ou autres équipements fonctionnant à la biomasse sont réduites de manière significative. En particulier, pour les chaudières à alimentation manuelle fonctionnant au bois, les aides ont baissé de 30% en moyenne, et pour les poêles à granulés, elles ont subi une baisse importante.
Ce changement pourrait nuire à l’adoption de solutions de chauffage plus écologiques, alors que le gouvernement cherche à encourager les projets de rénovation plus globaux et cohérents avec les objectifs climatiques de la France.
Vers une rénovation énergétique de plus en plus inégalitaire ?
Les modifications apportées à MaPrimeRénov’ en 2025 marquent un tournant dans la politique de rénovation énergétique. Si les ménages les plus modestes bénéficient d’un soutien renforcé, les propriétaires les plus riches sont clairement ciblés par des réductions d’aides drastiques. Ce rééquilibrage pourrait avoir des conséquences importantes sur le secteur de la rénovation, avec une baisse de l’activité dans certaines entreprises, notamment celles qui dépendent des projets de grande envergure.
Les professionnels doivent désormais anticiper ces changements et s’adapter à un marché où les rénovations globales et les projets accessibles aux foyers modestes deviendront de plus en plus prépondérants. Pour les propriétaires aux revenus plus élevés, il sera essentiel de se préparer à une diminution de l’accès aux aides pour leurs projets de rénovation, et de chercher des solutions alternatives pour financer leurs travaux.
Si vous souhaitez obtenir des renseignements supplémentaires sur les changements de Ma Prime Rénov 2025, n’hésitez pas à nous contacter gratuitement au 01 60 77 22 22.